La souffrance morale au travail :

Une piste : interroger la question du sens

  Depuis une vingtaine d’années, nous assistons à l’apparition et l’augmentation de souffrances (burnout, stress, anxiété, dépression, conduites addictives, violence,…) exprimées sur le lieu de travail. Comment expliquer cette multiplication significative, si ce n’est par une modification du rapport psychologique au travail.

  Dans cet article, nous proposons d’interroger cette douleur et ses diverses décompensations au travers du sens que chaque individu attribue à son travail.

  L’adage populaire « je fais, je suis donc j’existe » traduit la valeur centrale que représente aujourd’hui le travail dans notre société. Il constitue une manière de se présenter au monde et procure à chacun d’entre nous une grille de lecture de l’environnement dans lequel nous nous trouvons. Toutefois, lorsqu’il y a souffrance, nous ne pouvons nous limiter à cette perception partagée du monde professionnel. Nous remarquons, en effet, dans notre pratique quotidienne, que pour en sortir, il faut préalablement sonder le lien que nous nourrissons avec le travail. Celui-ci peut exprimer différents types de rapport :

  • Un besoin d’exister socialement (être visible aux yeux des autres par ce que l’on fait) ;
  • Un facteur d’intégration sociale(établir du lien avec les autres et se sentir appartenir au monde de ceux qui s’activent);
  • Un motif de reconnaissance(être valorisé pour le travail réalisé);
  • Une nécessité de se réaliser (éprouver un sentiment d’accomplissement et de satisfaction personnel) ;
  • Un héritage plus ou moins difficile à assumer(reprise de l’activité ou de l’entreprise parentale non choisie personnellement);
  • Une possibilité d’éviter un contexte familial ou de couple insatisfaisant (un temps de travail trop important au détriment du couple et de la famille, qui sont alors désinvestis, est à interroger sous l’hypothèse d’une fuite de quelque chose de dérangeant);
  • Ou simplement un moyen de subsistance (le travail est secondaire au sens où la seule motivation est celle de la rémunération).

 

  Interroger de manière approfondie ce pourquoi nous travaillons permet souvent de comprendre ce qui sensibilise les personnes et font que progressivement la souffrance s’installe.

  A l’ère où le temps de loisir augmente et où la cohésion familiale devient un enjeu personnel et collectif, le travail soulève une question existentielle à laquelle il convient de se confronter pour être cohérent avec soi.

  Dans notre cabinet, nous accueillons des personnes qui, à un moment de leur carrière professionnelle, éprouvent une douleur morale ou un épuisement émotionnel (exprimée sous des formes variables). Nous les accompagnons alors dans une évolution positive de leur état général en soulevant entre autres avec elle cette question du sens au travail dans leur vie générale.