RÉAPPRENDRE A EXISTER PAR SOI  FACE A L’ « INDIFFERENCE » DE L’AUTRE…

 Etres humains et sociaux, nous existons toujours par rapport à autrui. Il nous confère une place que nous acceptons ou refusons, une image que nous entretenons ou rejetons et une valeur à laquelle nous nous accrochons. Le regard de l’autre constitue  ainsi une emprise, au sens où il nous définit et parfois nous réduit. Dans notre cabinet thérapeutique, nous rencontrons des personnes parfois prisonnières de ce regard d’autrui. Leur objectif premier consiste alors à se dégager de ce portrait qui leur est attribué et ne leur correspond souvent pas. L’enjeu devient alors d’exister pour soi-même. Pour cela, il importe d’identifier dans quelle dynamique de communication s’inscrit la relation à l’Autre. Nous proposons dans cet article quatre types de déséquilibre relationnel.

 

  1. Le déni de l’Autre constitue un mode de communication parfois retrouvé au sein des couples, familles ou relations de travail. Il s’appuie sur une occultation par le conjoint, le parent, l’enfant, le partenaire ou encore par le collègue ou le hiérarchique, de l’état émotionnel. On fait comme si rien ne s’était passé. Celui qui souffre et exprime est nié dans sa douleur. Parfois certaines tentatives de passage à l’acte (actes de violence ou de délinquance, tentative de suicide ou souffrances auto-infligées…) visent à lever ce silence. Lorsque le déni général s’installe au quotidien, il traduit alors un système de communication déficient sur lequel il est important d’agir.
  2. La relation narcissique illustre un mode de communication déséquilibré sous un format unilatéral. L’individu n’existe plus en tant que tel mais principalement par l’image positive qu’il renvoie à l’Autre. Son regard constitue alors une sorte de miroir ne souffrant ni faille ni disgrâce. La communication y est disproportionnée, basée essentiellement sur une dynamique égocentrique et d’abnégation. Tandis que le premier s’exprime sans relâche sans jamais s’enquérir réellement de l’interlocuteur, le second s’efface lentement pour finalement subir la relation. Cette dernière fondée sur un mode narcissique est une relation amputée de réciprocité, principe non moins fondamental d’un véritable échange.
  3. L’évitement traduit un autre mode relationnel frustrant, dans lequel les attentes de mettre à plat certains sujets sensibles sont éludées, renforçant le plus souvent les malentendus et reproches réciproques. Ce mode de communication entrave certaines sorties de crise conjugale, en instaurant un climat de non-dit donnant toujours l’illusion d’un dépassement de l’événement. Par exemple, les infidélités de couple, objets d’évitement, procurent une pseudo-résolution du problème et s’accompagnent souvent d’une amplification de la colère et des ressentiments.
  4. La relation par « procuration » exprime la difficulté à vivre par soi, à identifier ses propres besoins et désirs. L’Autre devient le garant de toute initiative et de l’évolution du couple ou de la relation. Vivre par l’Autre implique des difficultés à accéder à ses propres émotions. L’Autre devient comme un « baromètre » de l’existence. Fondé sur la dialectique du passif/actif, ce mode relationnel créé souvent un sentiment d’étouffement et d’enfermement.

 

Ces déficits communicationnels sont toujours sources de frustration et de colère. Ils génèrent un  poids et  un frein à l’expression de soi. Dans notre pratique de psychologues, nous aidons les personnes à affirmer leur identité personnelle, en développant leurs ressources individuelles. Elles réapprennent ainsi à prendre davantage distance avec les pressions diverses de l’environnement social.

 

Didier Desonnay & Mylène Forte

Docteurs en Psychologie

CRI-PTOS S.P.R.L.